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Plein feu sur la liturgie

Nous sommes en pleine période de révision des pratiques liturgiques dans l’Eglise d’Haïti, à l’initiative de Mgr Max Leroy Mésidor, Archevêque métropolitain de Port-au-Prince et Président de la Commission épiscopale de la Sainte Liturgie. Sous le titre « Faites cela en mémoire de moi » (Lc 22, 19), des séances de formation ont démarré vers la fin de l’été 2018 pour les prêtres, pour les fidèles et dans certaines paroisses de l’archidiocèse de Port-au-Prince, et elles se poursuivent. Ces formations sont généralement bien accueillies d’autant plus qu’une certaine désinvolture était observée depuis quelque temps au niveau du modus operandi liturgique. Vous trouverez ci-dessous les parties les plus importantes concernant les normes à observer notamment par les laïcs…

Les lieux

L’ambon est fait pour les lectures. On peut y prononcer le psaume, l’homélie, les intentions de prière et l’exultet à la veillée pascale. On peut les prononcer aussi au pupitre, mais pas les lectures. Celles-ci doivent être proclamées à l’ambon. Il faut éviter de faire les commentaires, les annonces, les discours à l’ambon. Si cela convient, l’ambon peut être recouvert d’un voile, mais pas le pupitre.

Les rites d’ouverture

Les monitions ou commentaires doivent être brèves et elles sont facultatives. Ce ne sont pas des sermons. Leur but est d’introduire les fidèles à la messe du jour ou de préciser la signification d’un rite ou d’un texte. Il n’est pas nécessaire de faire un commentaire avant la quête ou avant la communion. Le commentateur intervient le moins possible dans la célébration. (Li bon pou nou mete kreyòl nan kòmantè yo)

L’acte pénitentiel (Je confesse à Dieu) exprime la nécessité de renouveler toujours sa conversion et de demander pardon au Dieu de miséricorde.

Le Kyrie Eleison est une contemplation de la grandeur du Seigneur ressuscité. Il n’est pas trinitaire (li pa gen Lespri Sen ladan…) Il est un chant par lequel les fidèles acclament le Seigneur ressuscité et implore sa miséricorde. Eviter les complaintes, les accusations, les leçons de morale. Il n’est pas nécessaire que le Kyrie ait plusieurs strophes.

Par le chant du Gloria, l’Eglise réunie dans l’Esprit Saint, loue le Père et le Fils, l’Agneau de Dieu. Il est chanté le dimanche, et les jours de fête. On y retrouve les trois personnes divines.

La liturgie de la Parole

L’écoute de la Parole : Marie, au pied du Seigneur, écoute la Parole du Maître. Ce sont les mots de Jésus qui la nourrissent, telle la Parole vivante qui est proclamée au cœur de l’assemblée dominicale. Il sera utile de rappeler l’importance de l’écoute de cette parole : au cours de la liturgie, les textes bibliques sont faits pour être écoutés, et non lus dans une revue ou un missel. Ces outils permettent de lire les textes chez soi ou, tout au plus, de suivre la proclamation quand on a des difficultés d’audition.

En liturgie, le déplacement ne sert pas seulement à aller d’un point à un autre : il est aussi rituel. Le déplacement du lecteur signifie qu’il vient de l’assemblée. Son geste a donc une importance en lui-même. Il quitte sa place posément, marche jusqu’au cœur, s’incline devant l’autel, signe du Christ au cœur de l’assemblée, puis se rend à l’ambon.

Le lectionnaire (le livre de la Parole) est, symboliquement, un lieu de la présence du Seigneur au milieu de son peuple. Par conséquent, il faut éviter de faire la lecture dans une feuille de papier, ou dans un livret. On utilisera le lectionnaire qui est un gros livre propre, digne. Il est placé sur l’ambon avant l’ouverture de la célébration.

A la fin de la lecture, on ajoute : Parole du Seigneur. En Créole : Pawòl Granmèt la

La première lecture est suivie du psaume responsorial, ou de son équivalent liturgique, c’est-à-dire un chant qui a le même contenu. L’acclamation de l’Evangile est l’alléluia chanté, sauf pendant le temps de carême.

Le Credo est en usage le dimanche et les jours de fête. L’homélie est suivie du Credo. On peut réciter ou chanter le Symbole des Apôtres ou celui de Nicée-Constantinople. (Attention aux faux chants de Credo)

La prière universelle. Les intentions de prière, au nombre de quatre ou cinq, sont prononcées depuis l’ambon ou un autre endroit approprié par le diacre, le lecteur ou un autre fidèle. L’assistance répond soit par une invocation commune, soit par la prière silencieuse. Les textes de la prière universelle sont concis (brefs : trois à quatre lignes). On prie pour les ministres de l’Eglise, les gouvernants, les souffrants, la communauté…etc. Veiller à ne pas transformer la prière universelle en manifeste de revendications ou d’accusations de toutes sortes !

Le refrain de la prière universelle s’adresse au Père, parfois au Christ et rarement à l’Esprit Saint. Il ne s’adresse pas à la Vierge Marie, ni à un autre Saint.

La liturgie eucharistique

La procession des dons. La présentation générale du Missel romain recommande de faire une procession des dons chaque fois que cela est possible.

On peut préparer le pain et le vin sur une belle table, au fond de l’Eglise ou au début de l’allée centrale. Dans certaines paroisses, jeunes et adultes vont spontanément apporter les dons en procession : cierges, coupes d’hosties et calice. Cela signifie que le pain et le vin sont « fruits de la terre et du travail des hommes ». Il est encore mieux d’attendre pour la procession la fin de la quête : l’argent ici récolté n’est-il pas la participation de toute l’assemblée à cette démarche?

Il convient de se rappeler que la caractéristique d’une procession est d’avancer vers l’autel du Seigneur. Elle ne traine pas, elle ne fait pas de surplace. Par ailleurs, elle est digne, propre (pa gen rad chire, ni vye chapo, ni pip nan bouch, …etc)

Seuls le pain et le vin, reçus par le prêtre à l’entrée du sanctuaire, peuvent être amenés à l’autel ; les autres offrandes sont déposées par les servants dans un endroit convenable, par exemple, sur la crédence ou à la sacristie.

Pour la quête, il est bon de prévoir des corbeilles ou des boites proportionnelles à la taille de l’assemblée. Eviter d’apporter des animaux, des brouettes, des sacs de charbon dans la procession d’offrande. Vaut mieux les remettre au presbytère avant la messe.

La prière eucharistique. La proclamation de la Prière eucharistique, qui, par sa nature, est le sommet de toute la célébration, est réservée aux prêtres en vertu de son ordination. Ainsi, c’est un abus de faire dire certaines parties de la Prière eucharistique par un diacre, par un ministre laïc, ou bien par un fidèle ou par tous les fidèles ensemble. C’est pourquoi la Prière eucharistique doit être dite entièrement par le prêtre, et par lui seul.

Pendant que le prêtre célébrant prononce la Prière eucharistique, « il n’y a pas d’autres prières, ni d’autres chants ; de même, l’orgue et les autres instruments de musique resteront silencieux », à l’exception des acclamations du peuple dûment approuvées, dont il est fait mention ci-après.

Pendant la consécration, au moment de l’élévation de l’hostie ou du calice, il faut éviter de chanter un refrain (Par exemple : Père, voici ton bien-aimé, ou bien, Jésus, je t’adore). C’est un moment d’adoration et de silence. Les fidèles doivent d’abord regarder pour voir Celui qu’ils vont ensuite adorer en s’inclinant. Les instruments de musique restent silencieux aussi.

L’anamnèse constitue le sommet de la profession de foi. Elle s’appuie sur le passé : « Gloire à toi qui étais mort » ; pour affirmer le présent : « Gloire à toi qui est vivant » ; et appeler le futur : « Viens, Seigneur Jésus ». Elle mentionne essentiellement trois éléments se rapportant au Christ : mort – résurrection – retour.

Eviter les fausses acclamations d’anamnèse telles que : « Woy, Jezi-Kri leve ; Jezi leve, nou menm tou an nou leve ; Tu es Seigneur notre résurrection ; allez crier sur la montagne ; Jezu leve li chavire lanmò ; tu es là au cœur de nos vies ».

La doxologie finale de la Prière eucharistique (Par Lui, avec Lui et en Lui…) est dite ou chantée par le prêtre seul car elle fait partie de la prière présidentielle. L’assemblée s’y unit en répondant : « Amen ».

Les rites de communion

Le Notre Père est récité ou chanté par l’assemblée. Respectez scrupuleusement le contenu du texte.

Le geste de paix. Avant la communion, l’Eglise implore la paix et l’unité pour elle-même et pour toute la famille humaine. Les fidèles expriment leur communion dans l’Eglise ainsi que leur amour mutuel en se donnant la main (ou par un autre geste).

Il convient que chacun souhaite la paix de manière sobre et uniquement à ceux qui l’entourent. Pas de déplacement, pas de chant. Laisser passer une ou deux minutes avant de chanter l’Agneau de Dieu. Le signe de la paix est omis aux messes des funérailles.

Pendant que s’accomplissent la fraction du pain et l’immixtion, l’invocation Agnus Dei est ordinairement chantée. Elle peut être répétée autant de fois que c’est nécessaire pour accompagner la fraction du pain.

Remarques importantes

1-L’Eglise recommande de regarder de près les textes de chant et de les confronter à ce que demande la liturgie. Sonje byen se pa tout chante ki adapte a litiji a. Nou pa chante nenpòt ki chan ; nou pa oblije pran refren yo 2 fwa, ni nou pa bezwen chante tout kouplè yo, sof pou Gloria ak Kredo.

2-Il est fortement conseillé, par ailleurs, de ménager des moments de silence. Ils permettent à la célébration de respirer et à l’assemblée de reprendre souffle et recueillement.

Annexe 1

Pour l’adoration du Saint Sacrement

1-Respecter le rituel et la dignité de l’adoration du Saint Sacrement et veiller à ce que les chants utilisés soient des chants catholiques adaptés à la circonstance. Ne pas négliger le silence.

2-Pour alimenter la prière, on peut employer les lectures de la Sainte Ecriture, ou encore, célébrer une heure de l’office.

3-En présence du Saint Sacrement exposé, il ne convient pas de chanter des cantiques ou de dire des prières en l’honneur de la Vierge Marie et de Saints.

Annexe 2

Pour les messes de mariage

Aux messes de mariage, on omet l’acte pénitentiel (Pas de : « Je confesse à Dieu ; pas de Kyrie », mais on chante l’hymne « Gloire à Dieu ».

Annexe 3

Pour les funérailles

1-Le baiser de paix est omis aux messes de funérailles

2-L’aspersion et l’encensement sont précédés de quelques mots du célébrant et du chant du dernier adieu, ou absoute. Eviter de chanter à ce moment-là le « Libera me Domine ».

3-Pendant que se déroule le rite de l’aspersion et de l’encensement, il n’est pas recommandé de chanter, ni de réciter « Je vous salue Marie ». On fait silence. On peut éventuellement réciter le « Notre Père » après le rite.

 

Association des Fidèles Charismatiques d’Haïti